Comme elle persistait dans la déclaration de ma mort, l'inquiètude me gagna et calma mon ardeur.
_ Ca n'a pas de sens, tu es mort, et tu es là. Elle fronça les sourcils. Tu étais où ?
_ Nul part. Mais je ne suis pas mort.
_ Alors tu étais où ?
L'angoisse me saisit.
_ Je n'en sais rien.
Ses yeux me scrutaient. A quoi pensait-elle ?
_ soit tu me cache quelque chose, soit c'est un rêve." Lâcha-t-elle finalement avant de se recoucher.
Je m'allongeais à ses côtés, mais ne pu trouver le sommeil, perturbé, inquiet. Comment serais-je mort ? Pourquoi serais-je mort ? Et pourquoi je ne parvenais pas à me souvenir des trois derniers jours ?
Dés les premières heures du matin, bien qu'il fisse encore nuit, nous nous levâmes. Je dû à nouveau la calmer et lui prouver que j'étais bien là. elle m'assura que mon enterrement avait déjà eu lieu, vu ma mort, et que beaucoup de personne me croyaient mort. Dont mes parents. Malgré mes demandes répétées, ma chérie refusa fermement de me révéler la cause de ma mort. "tu es avec moi, c'est tout ce qui compte. si je te raconte, j'ai peur que tu ne repartes." avec le recul, je peux assurer, qu'elle n'avais pas tord. Elle ne mettait pourtant pas en doute ma mort, pour elle aucun doute que j'étais mort et revenu, mais elle ne l'expliquait pas. Je cherchais les réponses en moi, mais mes souvenirs ne m'aidèrent pas. Je me rappelais le jour de ma demande en mariage, l'instant où elle me disait oui, puis mon réveil dans le salon. Mon coeur se serra, si elle m'avait vraiment vu mourir ce jour là, ces trois avaient dû être un enfer pour elle.
Elle s'arrêta net alors que je me posais dans le canapé. "Ton urne" Je mis un certain temps à comprendre ce dont elle parlait. Puis je vis, sur le tapis du salon, juste au pied de la table basse. Des débris de céramique, sétalaient jusqu'au buffet, au mileu des morceaux de cette fameuse urne trônait un petit tas de cendres grises. "Mon urnes" murmurais-je. Monsang se glaça. Je frissonnais d'une frayeur glaçée. Ils m'avaient incinéré ! On avait brûlait mon corps ! J'étais donc bien mort, elle disait vrai. J'étais pétrifié ! Si j'avais été incinéré, comment pouvais-je être assis sur ce canapé ? Etais-je donc un fantôme ? N'avais je pas conscience de ma mort ? "comment suis-je mort ? demandais-je encore une fois" Je dû m'éclaircir la gorge. "Je ne peux pas te dire, elle me supplia du regard, ne m'oblige pas. Je soupirais et elle sembla se détendre. Je vais ramasser tout ça. Tu devrais appeler tes parents. Mais ne sois pas trop brutal, tu pourrais les effrayer. Souviens toi qu'ils pensent que tu es mort.
_ Les fantômes passent-ils des coups de fil ? Ironisais-je. Mais ça ne la fit pas du tout sourire.
Je décrochais donc le téléphone. Leur numéro étant pré-enregistré, je n'eu qu'un bref instant pour me préparer. La sonnerie retentissait alors que le rythme de mon coeur s'accélérait, encore une preuve que je ne pouvais pas être juste un spectre.
"allô ? La voix de ma mère me tira de ma rêverie spectrale. Je n'osais répondre.
_ Allô ? Maxime ? C'est toi ?
J'éloignais le téléphone de mon oreille, la bouche sèche. Ma mère, prononçant mon prénom comme si elle s'attendait à m'entendre. Je me tournais vers la table basse cherchant le regard de ma chérie, absente. J'inspirais et collais à nouveau le combiné à mon oreille.
_ Oui, maman, c'est bien moi. Je ne reconnu pas ma voix.
Je n'entendis ni cris de surprise, ni pleurs, en fait aucune réaction à laquelle je m'étais attendu.
_ Eh bien, elle soupira, fut-elle soulagée ? Comment va Lisa ? Je veux dire, de te voir revenir ?
_ Euh, elle va bien, mieux, je veux dire. Ma langue claqua sur mon palais, c'était la conversation la plus délirante du monde ! Et vous ? Je veux dire, tu n'as pas l'air choquée.
Elle se racla la gorge, signe chez elle d'une annonce.
_ Chéri, dit-elle pleine de douceur, elle ne t'a rien dit ?
_ Non, je commençais de me sentir offensé, agacé que tout le monde en sache bien plus que moi. Elle refuse de me dire. Où étais-je ?
_ Tu étais mort mon fils. Mais tu es revenu. Je distinguais vaguement la voix de mon père dans le fond. Elle sembla acquiescer ce qu'il disait. Ecoute est-ce qu'on peut venir ?
_ De suite, oui, m'énervais-je. Je veux qu'on m'explique ce bordel."
Elle raccrocha. Je restais interdit en fixant ce foutu combiné. Lisé tait là, derrière moi, elle me fixait. Comme je me sentais en colère tout d'un coup ! Toutes ces émotions se mélangeaient en moi sans que je fut capable de les contrôler. Cette histoire ne tenait pas debout, tout cela n'avait aucun sens ! Comment pouvait-on affirmer que j'étais mort et ne pas s'en inquiéter ?
Elle s'approcha de moi et me pris la main. Elle eut l'air si triste et terrifiée à la fois, que ma colère se calma aussitpot. Elle n'avait rien demandé aprés tout, elle vivait cela en même temps que moi, peut-être même plus doulourement encore. Je tentais de d'imaginer ma réaction si je la voyais mourir. Mon estomac se noua et j'embrassais son front.
Comme mes parents arrivaient enfon, je leur sautais dessus. Voulant savoir, comprendre. La discussion fut assez brêve.
"Brûlé ! Je m'emportais. C'est tout ce que vous avez trouvé ?
_ Pas vraiment brûlé, ce n'est pas un feu au sens propre, tu ne mettras jamais le feu à la maison, mais..*
_ Brûlé !
_ Ecoute. Ma mère restait assise calme comme à son habitude. Ca ne s'était produit que trois fois depuis ta naissance. On pensait qu'après l'adolescence ça t'avait passé. Mais quand Lisa nous a prévenu de ta mort soudaine. On a compris. On a alors attendu que tu reviennes.
_ Vous avez fais semblant ? Cette fois-ci ma chérie sembla vexée. Vous m'avez laissé mourir de chagrin, je le croyais perdu à jamais ! Elles les foudroya du regard.
_ Que pouvions nous faire d'autre ? S'excusa ma mère. Si jamais il n'étais jamais revenu nous t'aurions fait espérer pour rien, ç'aurait été pire.
_ Eh ho, m'écriais-je ! Je suis là ! Je suis quoi ?
_ Tu es un Phénix émotif."
Ainsi mes parents m'apprirent qu'à deux reprises dans mon enfance, puis dans mon adolescence, j'aurais spontanément brûlé. Ainsi changé en cendre, j'aurais la capacité de renaître, tel un phénix. D 'émotion sans maîtrise et le processus était lancé. Du moins c'était l'explication la plus probable pour eux. Ils n'en avaient jamais parlé à personne. Le désarrois me tenait. Pourquoi n'en avais je aucun souvenir ? J'étais même incapable de me souvenir de pareilles absences dans mon enfance? Ma mère m'expliqua qu'étant enfant, je venais en quelques heures et non jours. Elle crut bon d'ajouter qu'avant mon coup de fil elle commençait vraiment de s'inquiéter. Par ailleurs, bien que leur explication me parut terrifiante et fort peu probable, je me souvins de l'instant où Lisa avait accepté ma demande en mariage. Plusieurs émotions m'avaient alors submergé, bonheur parce que je voyais enfin ma vie avec elle, crises et joie comprises. Peur, parce que l'engagement n'avait jamais été mon fort, et le bonheur que l'on a peut être perdu. Il fut donc fort possible que ce tourbillon de sentiments contradictoires, bien que liés ait pu déclencher chez moi un phénomène. De là à accepter l'idée du phénix ! Le débat était clos. Ma future femme y croyait. Mes parents en semblaient convaincus. Et je n'avais pas d'autre choix que de me ralier à l'avis général.
Les mois qui suivirent furent terriblement stressant. A chaque instant, chaque moment d'absence, ma femme prenait peur. Quand au jour du mariage, eh bien, la tension était plus que palpable. Lisa était persuadée que j'allais me consumer devant le curé. L'église entière pourrait assister à la bougie géante que j'étais. L'agitation nerveuse qui animait ma chérie m'épuisait. Je la rassurais des dizaines de fois par jour, essayant de mon côté de me convaincre que ça ne se produirait pas. Mais comment savoir ? Comment pouvais-je maîtriser ce que je ne comprenais même pas ?
Le jour J, donc, ce ne fut que coup d'oeils inquiets et air suppliant. "Ne joue pas les torches humaines je t'en pris." Suppliait son regard. Comment pouvais-je contrôler quoi que ce fut ? Pour elle j'aurais fais n'importe quoi, mais tout de même elle m'en demandait un peu trop. "Je te promet qu'il ne se passera rien, lui affirmais-je sans y croire moi même, vas te préparer. " Concluant par un baiser, je la laissais filer pour la journée marathon d'une jeune future mariée. Je ne put m'empêcher d'imaginer en effet l'effet que pourrait produire un homme en combustion spontané au milieu d'une église rempli de personne. Le diable se serait-il invité au mariage ? Je souris à cette idée, improbable.
La musique était douce et légère. Dans cette simple robe blanche, flottant autour de ses chevilles graciles, Lisa, ma Lisa était une apparition des jours de pleines lune. Un rayon de soleil pâle traversant un vitrail venait se poser sur ses cheveux châtains clairs. Sa poitrine de velours se gonflait au rythme de son coeur. Son coeur qui m'appartenait. elle s'avançait vers moi, ne fregardait que moi. Et dans ses yeux, où j'aurais voulu ne lire que bonheur, allégresse, stress aussi je suppose, je ne lus que crainte. Je pouvais deviner ses pensées douloureuses. Il va brûler, brûler, se consumer et il ne restera que de la poussière dans les rayons du soleil. Il va brûler. Est-ce que l'assemblée voyait aussi sa détresse ? Détresse dont j'étais la cause. Je me sentis coupable et en même temps impuissant. J'ignorais comment la rassurer, au sujet de quelque chose qui m'échappait totalement.
Au moment où les mots furent échangés je la sentis si tendue, que j'eu peur que ce ne soit elle qui se consume de peur. Mais rien ne se produisit. Le silence tomba dans l'assemblée, on s'embrassa et rien ne se produisit. Des larmes de soulagement roulèrent sur les joues de Lisa, ma femme.
Il me fallut attendre encore quelques mois, presque deux ans pour être précis avant que le phénomène ne se produise à nouveau. Les évènements passés étaient presque effacés de nos esprits. Lisa doutait mêle qu'ils aient eu réellement lieu. Puis un soir, comme je rentrais du boulot, content, fatigué mais content. Elle m'attendait assise dans le canapé. "tu n'es pas allé bosser aujourd'hui ? Lui demandais-je surprise de la voir si tôt.
_ Non je me sentais pas bien."
Je posais mes affaires dans l'entrée dans l'intension de m'assoir prés d'elle. Elle serrait entre ses mains une simple feuille. avant même qu'elle n'ajoute autre chose je sentis mon estomac se nouer. Cet air qu'elle affichait je nele connaissais que trop bien.
"Je suis enceinte" fut tout ce qu'elle eu à dire. Elle procédait toujours de façon direct, même dans les moments intimes. Alors des images défilèrent dans mon esprit. Etait-ce une bonne nouvelle ? Une mauvaise ? Je ne parvenais pas à deviner si elle était heureuse ou non. Un enfant. Elle me tendit la feuille. C'était le resultat d'une prise de sang. Elle me fixait, attendant probablement un réaction de ma part. Elle ne se fit pas attendre. Et cette fois je compris. Je compris avant même que ça ne se produise.
de mon estomac monta une chaleur douce. Puis une explosion raisonna en moi. Je ne perçu pas de douleur, pas de brûlure, simplement de la chaleur, intense, forte et puissante. A travers un brouillard bleuté, je vis Lisa se lever brusquement du canapé et reculer. Elle porta sa main à sa bouche. La feuille tomba lentement, lentement au sol.
Huit jours. Huit jours cette fois, me dit-elle. Seule pour encaisser la nouvelle de la grossesse. Je m'excusais des dizaine de fois, mais à quoi bon. Nous en discutâmes longuement. L'idée d'un enfant était déjà terrifiante, il fallait à cela ajouter la possibilité qu'il soit comme moi. Etions nous prêts à ce genre d'éventualité ? Etant encore sous le coup de l'émotion je me consumais encore une fois, seulement deux semaines aprés mon retour. J'eu à peine le temps d'entendre Lisa d'écrier. "mais c'est pas vrai ! Encore !" que je partais en fumé.
Neuf jours d'absence. Lisa eu peur que je ne reviennes pas. Elle avait pris soin de ramasser mes cendres et de les déposer sur un matelas dans la chambre d'amis. Quelle douce attention ! Si bien que quand je réapparut, renais, je ne sais comment dire, je ne tombais pas du canapé. Elle émit deux idées intéressantes : la première paraissant évidente, le temps d'absence s'allongeait. La deuxième un peu plus évasive mais bien plus terrifiante : n'y avait-il pas un nombre limité de retours ? Arriverait-il un jour où je ne renaîtrais pas de mes cendres ? Cette idée me glaça le sang, sans mauvais jeu de mots. Comment savoir ?
Puis vint la naissance. Nouvelles angoisses. L'émotion du moment allait-elle me consumer ? Il n'en fut rien. J'étais invcapable de prévoir, incapable malgrés les années de contrôler. Cela n'arrivait pas assez souvent pour en déterminer l'origine, et trop souvent pour rassurer Lisa. Situation qui eu pu paraître cocasse le jour où sur un manège à grande vitesse, pris dans les sensations, j'encendrais le siège. Lisa eu le plus grand mal à récupérer un maximum de mes cendres, encore plus à faire croire aux gens qu'il s'agissait d'un spectacle. La pauvre. Je n'ose imaginer le regard des gens, leur peur, sa honte. Je la devinais parfois en colère contre moi, ou tout du moins contre ce phénomène et mon incapacité à le gérer. Et je pouvais le comprendre. Elle était d'autant plus en colère qu'elle n'avait rien à quoi se raccrocher, car aucun de nous n'avait de solution. Les annèes passèrent, mes disparitions étaient de plus en plus longues. Jusqu'au jour où...
Où comme avec l'âge on peut devenir sourd, aveugle, incontinent, voilà je devint d'une certaine façon incontinent des flemmes. Je m'enflammais pour un rien. Disparaissant des fois pendant plusieurs semaines. alors que j'aurais voulu finir ma vie auprés d'elle, j'avais l'impression de perdre des morceaux de notre vie à deux. Je la laissaient parfois seule plus de deux semaines, et à nos âges deux semaines valent double. Ainsi quand un jour mes cendres me rappelèrent, nu comme au premier jour, vieux comme au dernier, je trouvais mon fils assis dans le salon notre ancienne maison. "Tu as mis trop de temps cette fois. Fut tout ce qu'il me dit. Comme si je pouvais choisir. Mais cela me suffis à comprendre.
_Où est ta mère ? Ne pus-je m'empêcher de demander, tout en connaissant déjà la réponse.
_ Elle n'a pas pu t'attendre."
Des larmes silencieuses roulaient sur ses jours. Dans mon corps de vieil homme j'eu juste le temps de les sentir mouiller mes propores joues, que j'étais reparti. L'enterrement eu lieu sans moi. Puis elle fut incinérée, comble de l'ironie me direz vous, elle n'en revint pas.
Si je suis là aujourd'hui, pour vous en parler, c'est que je suis mort également. Arrêt cardiaque, j'étais bien âgés et le poids du chgrin était bien trop lourd à porter. Mon coeur n'a pas tenu. Il est idiot parfois dans la vie comme on oublis certaines choses pourtant essentielles. pensant bien faire, mes enfants m'ont fait incénérer. Et si je suis là pour vous raconter tout cela, c'est que j'attend que mon fils rentre du travail, assis sur son canapé, nu comme au premier jour, vieux et incapable de bouger. De mes cendres je renais encore et encore.