Il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. Benoît suivait toujours en silence, amoché. Tout avait tellement changé, tellement vite, et pas en bien. Le gamin avait raison, sa femme était probablement dehors à trainer avec ces monstres en train de faire des choses dégoûtantes qu'on les voyait faire en permanence quand ils n'étaient en train de tuer quelqu'un. Sa femme était morte à ses yeux il se le répètait souvent, surtout la nuit, et quoi qu'il y est pu avoir dehors, ça n'avait plus rien à voir avec celle qu'il avait épousé.
Au sixième étage il fit signe à Bénoît qu'il pouvait se poser. Le gosse avait de la morce collée sous le nez, les yeux gonflés de larmes et de sang. Il avait l'air grogui. Il le couva du regard quand ce dernier se laissa choir sur la dernière marche et déposa son gros sac à dos. De vilaines marques violettes apparaissaient à la base de son cou. Il n'aurait jamais dû l'amener avec lui. Un instant l'image de sa femme se changeant en bête violente se superposa sur le visage de son fils. Un violent frisson l'ébranla. Benoît l'interrogea du regard. Il lui fit signe que tout allé bien. Il lutterait contre ça. D'une manière ou d'une autre.
Il toqua à une porte. Du bruit derrière se fit immédiatement entendre. Il se gratta une barde de plusieurs jours. Il aurait donné cher pour un rasoir et de la mousse, non en fait même sans mousse et même avec une lame émoussée. Il retira sa casquette verte quand la porte s'entrouvrit. "Monsieur Sagusa articula-t-il, c'est moi, Alexandre.
On marmonna derrière la porte. La grosse moustache en friche d'un vieil homme s'agita.
_ Oui, Alexandre, dit-il de sa voix chevrottante.
Alex préférait avoir à faire avec Madame Sagusa, elle ne perdait pas la boule. C'était une gentille dame.
_C'est Alexandre ? Demanda-t-elle du fond de l'appartement, la cuisine probablement.
Alex n'aiamti pas non plus l'odeur qui s'en dégageait. Ca sentait le vieux, mais pas seulement, un peu la moisissure, le renfermé, mais surtout la mort. Cette odeur poisseuse qui colle aux murs et prend à la gorge. il s'arrangeait toujours pour ne pas avoir à rentrer chez eux.
_ Qui ça ? Cria brusquement Monsieur Sagusa. Déjà parti, songea Alex.
Safemme ronchonna un peu au loin. Puis il entendit les pas approcher
_ Ah, Alexandre. Jeune homme, mon mari, elle s'excusa à peine, à quoi bon, enfin tu le connais. Ca me fait de la peine mais c'est la vie n'est-ce pas.
_ Oui Pauline, coupa Alex pas désireux de l'entendre toute la soirée à ce sujet, ne vous en faites pas. Il désigna le sac à dos. Je reviens de dehors, à ces mots la vieille dame écarquilla les yeux, j'ai des conserves et je voulais vous en proposer. Il ouvrit le sac et les lui montra. Les deux petits vieux ne sortaient plus depuis des années. Alex le savait et il se demandait souvent comment ils pouvaient survivre. Vous en voulez ? Insita-t-il devant le manque de réponse de la vieille dame.
_ Oh, Alexandre. C'était une dame petite et voutée comme beaucoup de son âge. Mais elle avait l'oeil alerte et l'humour facile. Ses cheveux gris retenus en un vieux chignon rebiquaient en certains endroit, lui donnaient un peu l'air d'une sorcière. Mais son regard doux atténuait cet aspect. Elle portait en permenance la même vieille robbe à fleurs avec son tablier tâché. C'est tellement gentil de penser à nous. Elle ouvrit complètement la porte. Où est Benoît ? Elle se pencha vers la cage d'escalier. Bonjour mon petit, les vieux et les jeunes lien étrange, com...sa phrase mourrut dans sa bouche.